Le Carrosse Boiteux de Marianne

(photos de l'auteur: ©cesar-cesanjjaque)

Si vous passez par Paris et s'il vous reste un après-midi, allez donc place de la Nation vous y verrez un ensemble monumental.

Histoire : En 1878, le conseil municipal de Paris proposa d'édifier un monument à la gloire de la république, le préfet Hérold, approuva cette initiative. Léopold Morice et son frère Charles remporteront le concours lancé en 1880, leur monument trône bien sûr place de la République. Le projet d'Aimé Jules Dalou arrivera en deuxième position, son monument sera acquis par la ville de Paris pour être installé place de la Nation.

J'ai analysé pour vous cet ensemble qui est censé représenter d'après son auteur «Le Triomphe de la République».

- Rester debout sur un globe posé sur un char, c'est la position qu'a choisie l'artiste pour notre Marianne nationale, pour sûr, elle ne va pas tarder à tomber.

- Au lieu de boeufs puissants et courageux, l'artiste a disposé des lions impétueux pour tirer le carrosse, pas évident, d'ailleurs l'un d'eux mange déjà le timon.

- Le Génie de la Liberté guide l'attelage, il ne regarde pas devant lui mais, à l'arrière, Marianne sur son globe, sans doute est-il amoureux, ce qui pour un «Génie de la Liberté» est un comble.

- Le carrosse est aussi guidé dans sa progression par la Justice mais celle-ci a abandonné sa balance à un gamin, c'est pas comme ça que la république va rendre justice.

- A l'arrière on trouve «Abondance», celle-ci est plutôt fauchée car elle n'a pas les moyens de s'acheter une robe et va cul-nu. Trois gamins sont empêtrés à porter sa corne qui se déverse sur le sol en pure perte.

- De l'autre côté, un forgeron d'une force qu'on pourrait penser herculéenne aide lui aussi à pousser le carrosse, mais d'un air tellement dégagé que son action semble bien vaine. Il est lui aussi aidé par un gamin qui porte des grimoires et des papiers dont nous ne sommes absolument pas certain qu'ils arriveront à bon port.

Bref, selon Aimé Jules Dalou, la république est une équipe de bras cassés.

Pour sûr il était royaliste!